L’idée d’une Renaissance du Nord dans l’historiographie belge au XXe siècle
Si la vulgate historique reconnaît aujourd’hui communément l’existence de plusieurs foyers européens de la Renaissance, la spécificité, l’éclat et la durée d’une Renaissance « belge » ont constitué l’objet de prises de position passionnées dans ce pays encore jeune au XXe siècle.
La première grande tentation fut de faire commencer la période avec l’âge d’or des primitifs flamands, dont les caractères médiévaux ont pourtant été soulignés à l’extérieur (Huizinga) comme à l’intérieur de la Belgique (Pirenne). Il s’est ensuite agi de reconnaître aux artistes – peintres, sculpteurs, architectes, auteurs – des degrés plus ou moins importants d’inscription dans les traditions « nationales » ou de les rejeter comme des imitateurs serviles de leurs homologues italiens. Une tonalité nationaliste est particulièrement remarquable autour de 1945
Des différences subsistent dans les perceptions flamande et wallonne de la séquence jusque dans les années 1990. Toutefois, au prix d’une reconnaissance de dettes tardive envers l’inspiration antique et méridionale, le discours s’est fait plus nuancé, tendant à allouer une chronologie plus resserrée à l’autonomie des arts figuratifs de ces régions, mais reconnaissant des voies propres à la créativité des anciens Pays-Bas dans certains autres domaines, tels que la littérature vernaculaire ou la musique polyphonique.