Problèmes de la Renaissance. Émile Mâle, Johann Huizinga, Erwin Panofsky, Edgar de Bruyne
Dans la conjoncture des années 1880-1950 je m’intéresse aux rapports très étroits entre la reformulation des questions d’histoire et d’histoire de l’art, la renaissance, le thomisme comme manière de pensée, l’écriture de l’histoire de l’art médiéval, en Europe, principalement autour des œuvres d’Émile Mâle (1862-1954), et de Johan Huizinga (1872-1945), puis d’Edgar De Bruyne (1898-1959), pris comme points de comparaisons. Je pourrais ajouter celle d’Erwin Panofsky (1892-1968) en miroir seulement. Je retiens, notamment dans leurs œuvres, du premier, L’art religieux du XIIIe siècle en France (Paris, 1898) et L’art religieux du XIIe siècle en France (Paris, 1922), de Huizinga, le Herfsttij der Middeleeuween [La Haye, 1919 ; en anglais The Warning of the Middle Ages, en français L’Automne du Moyen Âge], et de De Bruyne, les Études d’esthétique médiévale (Bruges, 1947).
Bruce Holsinger a montré comment les premiers travaux de Georges Bataille (1897-1962) devaient être situés aussi dans le champ général plus large de ce qu’il nommait un « para-thomisme » [The Premodern Condition. Medievalism and the Making of Theory, The University of Chicago Press, 2005, p. 26-56].
Pour ma part, dans les travaux de Mâle, Huizinga, De Bruyne, je mets en évidence trois ensembles de traits qui me paraissent pertinents par rapport à leurs intentions premières et qui, toujours selon moi, les rapprochent étroitement du thomisme et de ses concepts, tels qu’on les développait dans cet espace géographique ; ce sont :
- l’organicité du propos centré sur un « tout social » ;
- la dé-réalisation du Moyen Âge comme période historiquement circonscrite et posée, au contraire, comme un idéal à rejoindre et sans cesse à réinventer, à reformuler ;
- la subordination des arts, par conséquent celle des artistes, à un dessein divin pensé et vu depuis un « projet architectonique ».
Ces trois points sont examinés dans mon exposé.